Le combat des guides : Aubry v.s. Lapeyrie

Cette année, deux guides ont attiré mon attention par leurs similarités : Les 100 meilleurs vins à moins de 25$ de Jean Aubry et Le Lapeyrie 2015 de Philippe Lapeyrie. D’entrée de jeux, disons que dans l’ensemble, ces deux guides s’équivalent. Je penche un peu du côté du Guide Aubry 2015 qui me semble un peu plus complet. Or, je suis un lecteur du journal Le Devoir, dans lequel Jean Aubry est chroniqueur en vin depuis plus de 20 ans, tandis que je regarde rarement TVA et jamais Salut Bonjour week-end, émission dans laquelle Philippe Lapeyrie est chroniqueur. J’ai par conséquent peut-être un préjugé favorable pour l’un plutôt que pour l’autre. Je tâcherai néanmoins d’être objectif dans mon appréciation de ces deux guides.

D’abord, quand on compare le nombre de vins suggérés, Le Aubry en promet 100 à moins de 25$ et « plus de 300 autres », tandis que Le Lapeyrie en promet 375. Dans les faits, Le Lapeyrie présente en détail environ 125 vins, tandis que les 250 autres vins sont simplement suggérés, sans aucune description. C’est intéressant, mais il manque cependant à ces « autres suggestions » la prise en compte du millésime, ce qui à mon sens constitue un manque pour un guide d’achat. De son côté, Aubry propose en effet 100 vins à moins de 25$, ainsi que plus d’une soixantaine de vins au-dessus de 25$. Le Guide Aubry propose également des suggestions sans description, mais en spécifiant les millésimes. Ceci élève ainsi le nombre des vins suggérés par Aubry à environ 400.

Au niveau de l’organisation et de la présentation, les deux guides se ressemblent beaucoup. Les deux guides offrent de beaux visuels qui mettent les bouteilles et les étiquettes en valeur. Les deux guides indiquent les codes-barres de chaque produit, ce qui permet de repérer les produits avec l’application de la SAQ. Le Lapeyrie présente de petites cartes géographiques stylisées qui permettent de repérer visuellement les régions d’origine des vins. Le Lapeyrie propose uniquement des vins : blancs, rosés, rouges et mousseux. Pour sa part, Le Aubry propose des vins blancs et rouges, ainsi que des séries de tops dix de rosées, de mousseux, de liquoreux et de spiritueux. C’est selon moi une belle valeur ajoutée en ce qui concerne les moelleux et les spiritueux. Les numéros de pages du Guide Aubry sont cependant difficiles à lire, si besoin est.

Au niveau du contenu, chacun offre un beau choix de produits. Tous les vins décrits se démarquent en effet par leurs niveaux qualitatifs. Ensuite, il s’agit de savoir si, en tant qu’amateurs de vin, nous partageons les goûts de l’un ou de l’autre chroniqueur. Selon moi, ces deux chroniqueurs ont des palais plutôt classiques et européens, comme la majorité des chroniqueurs québécois d’ailleurs, avec peut-être une petite ouverture chez Lapeyrie pour quelques vins plus riches et plus mûrs que, personnellement, j’apprécie.

Concernant le plaisir de la lecture, la plume d’Aubry se démarque par sa poésie et ses qualités évocatrices, ce que je trouve important. À travers cette lecture, accompagnée d’un  verre de vin, notre esprit s’élève. En ce qui concerne Lapeyrie, l’écriture est plus simple. Ça s’apparente davantage à du langage parlé, ce qui est peut-être une déformation professionnelle de la part d’un chroniqueur télé.

Le Lapeyrie est plus systématique en ce qui concerne les accords mets et vins puisque des suggestions accompagnent chacun des 125 vins commentés. Il prend ici le relais de Chartier, mais avec des recettes plus conviviales et moins rébarbatives. Le Lapeyrie n’utilise pas de système de notation chiffré. Vingt produits reçoivent cependant une mention « Top Vin ». Pour Aubry, selon les descriptions, il y a souvent des suggestions d’accords mets et vins, mais pas de manière systématique. Il utilise un système d’étoile pour classer les vins, ce que j’apprécie. Il propose dix « Points d’excitations 2015 », soit dix vins se démarquant du lot. Il propose enfin des textes informatifs sur des sujets variés au début de chaque section, tels deux portraits de vignerons, ce qui étoffe un peu le contenu du guide.

Enfin, à savoir lequel choisir, c’est évidemment une question de goûts. Chacun à des forces, des qualités et des faiblesses que j’ai tenté d’identifier ici. Ce sont deux guides complets pour avoir de beaux vins à se mettre sous le palais toute l’année. C’est un bon moyen de s’orienter vers les meilleurs produits disponibles et d’éviter les déceptions dans le choix quand même vaste de la SAQ. Ce sont de belles invitations à la découverte et à sortir de ses préférences habituelles. C’est enfin toujours un cadeau agréable à recevoir pour l’amateur de vin… pourvu que les vins suggérés soient encore disponibles en succursales.

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