Vin et vignoble d’Alsace

L’Alsace occupe une place à part dans le paysage viticole français. D’abord, on y produit principalement du vin blanc. Également, on commercialise le vin dans une bouteille de forme différente appelée « flûte d’Alsace ». Enfin, même les lois encadrant la production et le commerce du vin y sont légèrement distinctes. Il ne faut donc pas s’étonner du fait que les chroniqueurs français décrivent souvent l’Alsace avec un brin d’exotisme. Ceci n’est évidemment pas sans lien avec l’histoire particulière de cette région.

Histoire du vin en Alsace

  • La production de vin en Alsace remonte à l’arrivée des Romains, tout comme le chou! Le vin fait d’abord son apparition sur le Rhin à travers le commerce. Ensuite, la culture de la vigne se développe graduellement à son tour dans la vallée rhénane, au pied des Vosges, à partir du 1er siècle de notre ère.
  • Après la chute de Rome, l’Église et les différents ordres monastiques installés dans la région contribuent au développement de la viticulture.
  • Au Moyen-âge, les villages d’Alsace se spécialisent dans la production vinicole. Ces villages se trouvant à la limite septentrionale de l’aire d’acclimatation de la vigne, les régions plus au nord, dépourvues de vin, offrent des débouchés commerciaux pour le vin d’Alsace et sont facilement accessibles en naviguant sur le Rhin. Au 12e siècle, l’Angleterre et les pays scandinaves sont des marchés importants pour le vin d’Alsace et assurent la prospérité des négociants de la ville de Cologne.
  • Au 14e siècle, la production et le commerce local du vin sont des activités suffisamment importantes pour justifier la présence d’un officier élu et chargé de surveiller ce commerce dans chaque municipalité. Cet officier garantit la qualité des vins et est responsable de collecter les taxes sur le vin. Parallèlement, il lui est interdit d’être actif personnellement comme vendeur dans ce commerce.
  • À la Révolution française en 1789, le démembrement des propriétés nobiliaires et ecclésiastiques entraîne une fragmentation de la propriété foncière. Cette parcellisation est ensuite aggravée par la transmission et la division égalitaire des patrimoines en héritage. Ceci explique en partie l’absence aujourd’hui de grands domaines viticoles en Alsace et la présence d’une multitude de petits viticulteurs.-Comme ailleurs en Europe, les vignobles d’Alsace sont touchés par la crise du phylloxera à partir de 1876.
  • À la suite de la Guerre Franco-prussienne, l’Alsace et la Lorraine sont annexées à l’Allemagne en 1871. Les producteurs alsaciens se retrouvent alors soudainement coupés de leurs réseaux commerciaux et de leurs marchés. Plus encore, ils se voient bloquer l’accès au marché allemand : les autorités désirent protéger les viticulteurs allemands de la surproduction vinicole d’Alsace. La production vinicole alsacienne représente alors 40% de tout le vin produit en Allemagne. Le gouvernement allemand incite donc les vignerons de l’Alsace, subitement devenue une région viticole méridionale, à produire des vins bons marchés en grande quantité.
  • Durant l’intermède allemand, le développement de l’industrie et du commerce du vin se poursuit néanmoins. Des instituts scientifiques et oenologiques voient le jour, entre autres à Colmar, et contribuent à l’amélioration des méthodes de production. Les premières coopératives vinicoles d’Alsace ouvrent également à ce moment. Enfin, la première exposition vinicole d’Alsace a lieu en 1906 à Barr.
  • C’est à cette époque que les producteurs commencent à favoriser l’encépagement unique dans les vins qui est une pratique allemande.
  • L’Alsace redevient française en 1918, après la Première Guerre mondiale. À nouveau, ce passage nuit aux vins d’Alsace, désormais produits en quantité et bons marchés, qui se voient coupés de leur accès au marché allemand et qui doivent se tailler une place sur le marché français alors en crise de surproduction.
  • Les vignerons alsaciens réagissent habilement et se tournent dès lors vers une production de qualité. En 1925, la Station de Recherche oenologique et l’Institut Viticole de Colmar encouragent les viticulteurs à privilégier la plantation de cépages « nobles ». Dans cette optique, on commence dès 1832 à interdire certains cépages hybrides très productifs.
  • Parmi les membres de l’ancienne diaspora alsacienne, réfugiée à Paris et ailleurs depuis l’annexion de 1870, plusieurs ont ouvert des brasseries alsaciennes très fréquentées. Celles-ci servent du vin d’Alsace et contribuent en partie à sa reconnaissance en France.
  • En 1945, un comité régional d’experts des vins d’Alsace est mis sur pied pour assurer la protection des vins de qualité. À partir de 1951, l’Alsace obtient par décret l’exclusivité en France de l’usage des bouteilles hautes et minces qui caractérisent aujourd’hui ses vins.
  • En 1962, l’Alsace reçoit son appellation d’origine contrôlée régionale. En 1975, l’INAO délimite une première fois les parcelles les plus reconnues et leur attribue le classement de grand cru.
  • Aujourd’hui, la production annuelle moyenne de vin est de 150 millions de bouteilles, dont 74% sont vendues en France et 26% vont à l’exportation. Les principaux marchés étrangers sont la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Danemark et les États-Unis.

 


Encépagement du vignoble alsacien

Vins rouges d’Alsace

 

Les seuls vins rouges d’Alsace sont produits à partir du cépage:

  • Pinot Noir, qui donne un vin rouge clair excellent lorsque bien fait.

 


Vins blancs d’Alsace

Les vins blancs d’Alsace sont produits à partir des cépages:

 


Caractéristiques des vins d’Alsace

 

L’Alsace se trouve dans le nord-est de la France, à la frontière de l’Allemagne. Le vignoble s’étend sur 125 kilomètres, du nord au sud, en une mince bande de terre coincée entre les Vosges à l’ouest et le Rhin à l’est. Il est possible de découvrir cette région en parcourant la magnifique route des vins d’Alsace qui traverse une centaines de communes réputées pour leur beauté et leur gastronomie.

Malgré ce qu’on peut croire, étant donné la situation septentrionale de cette appellation, le climat continental y est sec et assez favorable à la culture de la vigne. En effet, la chaîne des Vosges protège le vignoble de l’influence pluvieuse de l’océan Atlantique. Si l’hiver continental est froid et enneigé, le printemps et l’été sont secs et ensoleillés alors que l’automne est long et doux. Ce climat permet aux raisins de mûrir et de développer lentement mais complètement leurs arômes. Tout en étant ensoleillé, l’automne apporte également l’humidité nécessaire pour permettre l’apparition de pourriture noble.

La région compte aujourd’hui environ 15 500 hectares de vignes en AOC détenus par 5 050 viticulteurs, dont 1 850 disposent de plus de 2 ha et exploitent 89 % de la surface totale du vignoble. Les 3 200 viticulteurs restants exploitent seulement 1 705 hectares. Pour cette raison, certains occupent parfois un autre emploi. La petite taille des propriétés explique également pourquoi plusieurs viticulteurs ne possèdent pas les installations nécessaires à la vinification et à la commercialisation et livrent leurs raisins aux coopératives ou encore les vendent à des négociants. Au total, la vinification et la commercialisation sont effectuées à 21% par les vignerons indépendants, à 36 % par les coopératives vinicoles et à 43 % par les producteurs négociants.

La région se divise en deux grandes régions : le Bas-Rhin au nord, entre Colmar et Strasbourg, et le Haut-Rhin au sud, entre Colmar et Mulhouse. Dans le Haut-Rhin, au sud, on retrouve avec la vigne de nombreux vergers qui produisent les fruits dont sont issus les différentes eaux-de-vie alsaciennes, tel le kirsch. Si l’Alsace est connue pour ses vins, soulignons qu’elle est aussi reconnue pour ses eaux-de-vie, sa bière, son Crémant, ses vins de Vendanges tardives et ses Sélections de Grains nobles.

Les vins d’Alsace sont principalement des vins blancs. On y produit un peu de vin rouge à partir du cépage Pinot noir, qui produit des vins clairs et fruités. En Alsace, on retrouve trois AOC : l’AOC Vin d’Alsace, l’AOC Alsace grand cru et l’AOC Crémant d’Alsace. Une cinquantaine de communes on droit à l’AOC Alsace grand cru. Mais pour avoir droit à cette mention, les vins doivent obligatoirement être exclusivement produits à partir des cépages Riesling, Muscat, Gewurztraminer ou Pinot gris (Tokay d’Alsace). Alors qu’ailleurs en France, la première mention que doit porter une étiquette est l’indication du lieu d’origine, en Alsace le cépage est plus significatif du style de vin. Seuls les grands crus peuvent indiquer un nom de commune spécifique. Or, ces grands crus ne représentent que 4% de la production vinicole alsacienne, contre 76% pour l’AOC Alsace et 20% pour le Crémant d’Alsace.

Les vins d’Alsace sont normalement secs, aromatiques et portent la marque de leurs cépages, entre autres le Gewurztraminer, le Riesling et le Sylvaner. Lorsqu’il est indiqué edelzwicker sur l’étiquette, il s’agit alors d’un assemblage de différents cépages.

Producteurs:

Cave d’Obernai

Hugel & Fils