Vin et vignoble d’Australie

L’Australie a une longue histoire viticole. Paradoxalement, ce pays est aujourd’hui l’archétype du nouveau pays producteur de vin : cépages internationaux, vins de marque, recours constant aux nouvelles technologies et aux flying winemakers (terme d’origine australienne désignant les oenologues consultants), et enfin une production de vin répondant aux goûts des marchés internationaux. Or, l’Australie mise depuis toujours sur l’exportation et elle en est devenue aujourd’hui l’un des leaders avec le 6e rang mondial des pays producteurs et le 4e rang mondial des pays exportateurs de vin. Innovation technologique, concours et exportations : peut-être est-ce en cela que consiste la tradition australienne.

Histoire des vins d’Australie

 

  • Les premières plantations de vignes en Australie remontent à 1788, à l’emplacement de l’actuelle ville de Sydney.
  • En 1801, Napoléon Bonaparte, qui cherche à se renseigner sur cette nouvelle contrée, apprend que l’Australie est appelée à devenir le vignoble de l’Angleterre.
  • En 1822, Gregory Blaxland exporte les premiers vins australiens vers Londres.
  • En 1831, James Busby, jeune jardinier d’origine écossaise, entreprend un voyage en France et en Espagne duquel il rapporte 600 greffons de vigne.
  • À partir des années 1840, la production viticole australienne profite de l’arrivée de nombreux immigrants européens qui apportent avec eux leur savoir-faire, tout en faisant augmenter la population et la demande intérieure pour le vin.
  • Des années 1850 à 1872, les exportations vers l’Angleterre passent de 7000 galons à 32 000 gallons de vin par année. Ils atteignent 50 000 gallons en 1900, représentant alors 3,5% de tout le vin importé en Angleterre.
  • Dès la fin du 19e siècle, des producteurs australiens participent à différents concours lors de foires internationales, notamment à Paris en 1855, à Londres en 1862, à Vienne en 1873, à Philadelphie en 1875 et à Bordeaux en 1882. Certains remportent des prix.
  • À partir de 1873, l’État de Victoria, alors la principale région productrice de vin, est dévastée par le phylloxéra. Ceci favorise l’émergence des autres régions, entre autres l’Australie-Méridionale.
  • Après la Première Guerre mondiale, on convertit les soldats démobilisés à la viticulture, et il s’ensuit une crise de surproduction à laquelle le gouvernement répond par des subventions à l’exportation.
  • Entre 1925 et 1960, l’Australie produit et exporte principalement des vins mutés de style Porto ou Xérès, alors en vogue dans les pays anglo-saxons.
  • Les années 1950 marquent le retour des vins secs, rouges et blancs, accompagnés d’un grand intérêt pour les innovations scientifiques et technologiques. C’est à cette époque que Max Schubert produit ses premiers Penfolds Grand Hermitage.
  • À partir du milieu des années 1960, les producteurs adoptent les meilleurs cépages internationaux et les nouvelles technologies. Simultanément, des professionnels développent une multitude de petits domaines : les wines boutiques.
  • Durant les années 1990 et 2000, les exportations de vins australiens, appuyées par le gouvernement, connaissent une croissance phénoménale. Le volume des vins exportés augmente de 500% entre 1995 et 2005.
  • Aujourd’hui, le principal marché d’exportation demeure le Royaume-Uni, suivi des États-Unis et du Canada. En Angleterre, la consommation de vins australiens dépasse aujourd’hui celle des vins français.

 


La législation des vins en Australie

 

La production de vin en Australie est réglementée par l’Australian Wine and Brandy Corporation. La loi est assez simple et réglemente essentiellement le contenu des étiquettes :

  • Pour porter la mention d’un millésime, un vin doit contenir au moins 85% de raisins issus de ce millésime
  • Il n’existe aucune restriction quant à l’utilisation des cépages dans les différentes régions. Si un vin porte la mention d’un seul cépage, celui-ci doit composer au moins 85% de l’encépagement. Si différents cépages composent le vin, ils doivent être indiqués en ordre décroissant.
  • Pour porter la mention d’origine d’une région, un vin doit être composé d’au moins 85% de raisins provenant de cette région. La législation australienne reconnaît différentes régions et sous-régions viticoles.

 

 

Encépagement du vignoble d’Australie

Vins rouges

Les vins rouges d’Australie sont principalement produits à partir des cépages :

Vins blancs

Les vins blancs d’Australie sont produits principalement à partir des cépages :

 

Caractéristiques des vins

Pendant longtemps, l’Australie s’est spécialisée dans la production de vins mutés. Ceci expliquerait en partie le goût des Australiens pour les vins forts en alcool et aux saveurs intenses (Michel Phaneuf, L’Actualité, 1er juin 2004). En effet, les vins australiens se caractérisent par une grande concentration de saveurs et par un degré élevé d’alcool. Il demeure cependant difficile de définir les caractéristiques des différents vins australiens. Notons aussi qu’actuellement, la majorité des grands domaines et de la production sont concentrés entre les mains de quelques grandes sociétés cotées en bourse telles que Foster’s Wine Estates, (Wolf Blass, Penfolds, Rousemnount et Lindemann), Constellation Brands, Pernod Ricard Pacific. Ceci explique le caractère industriel et marchandisé de beaucoup de vins australiens.

Autrement, il existe pratiquement autant de vins australiens que de producteurs, alors que les caractéristiques de chacun correspondent essentiellement à des encépagements différents et à des choix de vinification. S’il existe des différences de climats et de sols, leurs spécificité ne transparaît pas encore clairement au niveau des vins produits par chacune des régions. Ceci dit, l’Australian Wine and Brandy Corporation, l’organisme gouvernemental responsable de réglementer la production et le commerce du vin en Australie a mis en place une structure administrative qui permet aux producteurs de déposer des demandes pour que des régions spécifiques soit reconnues pour la spécificité de leurs vins.

Vue de l’extérieur, l’Australie apparaît comme un territoire immense. Or, les régions viticoles se concentrent uniquement dans 10% du territoire australien, essentiellement dans les régions les plus fraîches du littoral sud. L’Australie compte aujourd’hui une soixantaine de régions viticoles et 103 « Defined Geographic Indications ». Ceci dit, les principales régions à travers lesquelles on regroupe les appellations viticoles demeurent les divisions administratives du pays en États.

La Nouvelle-Galle du Sud est l’État au sud-est de l’Australie. C’est ici que les premiers vignobles ont été plantés. On retrouve entre autres la région de Hunter Valley où la viticulture s’est développée depuis longtemps en raison de la proximité de la ville de Sydney. C’est ici qu’a été fondé en 1870 la maison Lindemans, aujourd’hui présente dans toutes les régions d’Australie.

Victoria est l’État le plus au sud dans la partie est de l’Australie. À la fin du 19e siècle, cet État produisait plus de la moitié du vin australien et comptait 1200 vignobles. Avec la Nouvelle-Galle du Sud située juste au dessus, ces deux régions produisent les principaux vins fins d’Australie. C’est la région de Murray River qui produit la majorité des vins de Victoria.

L’Australie-Méridionale, située dans le centre-sud de l’Australie produit beaucoup de vin bon marché. Depuis le début du 20e siècle, l’Australie-Méridionale est de loin l’État le plus important en terme de quantité de vin produit. Cette région est l’équivalent australien de la Vallée centrale en Californie. On y retrouve entre autres la région de Barossa Valley, où est située la Maison Penfolds ainsi que Wolf Blass. On retrouve également la région de Coonawarra où sont produits certains des vins les plus réputés d’Australie.

 

L’Australie Occidentale est la région qui occupe tout l’ouest de l’Australie. Les vignobles se retrouvent dans le sud, principalement concentrés autour de Swan Valley. Si les premiers vignobles datent des années 1840, la viticulture n’y a jamais été importante en raison de la situation éloignée de cette région par rapport aux centres urbains de l’est. Depuis les années 1980, la viticulture y connaît un renouveau et la région gagne rapidement en reconnaissance.