Il y a d’abord eu les très grands vins australiens qui ont fait leur apparition. Ensuite, les gens ont eu le plaisir de découvrir le charme et la puissance de très bons vins australiens à prix raisonnable. Finalement, les tablettes ont été envahies par divers vins bas de gamme arborant des étiquettes colorées représentant des animaux totémiques. Cette « involution » a eu pour effet chez moi de me désintéresser des vins australiens. Surtout que derrière les différentes « maisons » australiennes se profilent en fait quatre grandes sociétés qui produisent et commercialisent à elles seules 80% des vins produits en Australie. Il devient donc difficile de trouver des produits australiens véritablement intéressants. Or, voilà justement le type de vin que j’ai eu l’occasion de déguster chez Réserve et Sélection à l’occasion du passage de Andrew Tierney, directeur export de Torbreck.
Torbreck a été fondé en 1994 par David Powell. Originaire d’Adélaïde, Powell a été initié au vin par son oncle. Après des études en finances, il se rend en Écosse où il travaille en foresterie. Il en profite alors pour faire des voyages en France, entre autres dans la vallée du Rhône dont il apprécie particulièrement les vins. Ceci éveille son attention au potentiel de la vallée de Barossa, où l’on retrouve de vieux vignobles avec les mêmes cépages que dans le Rhône, tel le Grenache, le Mourvèdre et la Syrah. De retour en Australie au début des années 1990, il s’associe avec différents viticulteurs possédant de vieux vignobles, certains datant d’avant le phylloxera, afin de réorganiser ces vignobles. C’est ainsi qu’il commence à produire ses premiers vins de Torbreck (le nom d’une forêt en Écosse).
La philosophie de David Powell est de produire parmi les meilleurs vins possibles, tout en rendant hommage aux anciens vignobles du monde. De ce point de vue, l’inspiration du Rhône est facilement discernable dans les vins de Torbreck. Le prix se veut également à la hauteur des meilleurs vins du monde, soit assez élevé. Ceci dit, ces vins demeurent résolument australiens. Ils sont caractérisés par beaucoup de concentration, de complexité et de fraîcheur. Voilà de quoi se réconcilier avec les vins australiens parfois un peu trop charnus et lourds. Plusieurs des vins de Torbreck sont actuellement disponibles au Québec :
À prix abordable, pour se faire plaisir et pour flirter avec les meilleurs vins australiens :
Vin herbacé et minéral en bouche présentant un beau nez riche et complexe aux parfums de pomme et de lime.
Un vin liquoreux au nez fruité et herbacé, à la bouche suave et d’une certaine amertume assez intéressante, avec des arômes complexes de fruits séchés, d’abricot et d’orange confite.
Vin très savoureux et gorgé de fruit noir. Nez très expressif, floral (violette, bonbons poudreux) et fruité: confiture de fruit noir et groseille. Bien équilibré et complexe en bouche. Tanins présents mais souples. Bonne longueur fruitée et subtilement boisée et épicée (poivre).
Un vin de couleur grenat violacé qui, comme son nom l’indique, est très juvénile avec des parfums fruités de vin jeune, beaucoup de fraîcheur et de fougue en bouche. Pas tout à fait mon genre, mais c’est une question de goût personnel.
Dans une gamme plus sérieuse :
Un vin de couleur grenat sombre offrant un magnifique nez complexe de cerise, de cuir et d’épices (girofle), une belle matière en bouche et des arômes fruités de fraise et de cerise, de cuir et une finale épicée. Les tanins sont fins et nobles, mais présents.
Un vin noir et opaque, au nez délicat de fruits rouges et noirs et de figue, chaud et ample en bouche avec des arômes fruités de fraises et de framboises, de réglisse rouge, de café et d’olives noires. Une belle bouteille pour la cave.
Au diable la dépense (chez SAQ Signature) :
Un vin grenat violacé au nez invitant et fruité, avec des notes de violette, de café et de cuir. En bouche, le vin est ample et appuyé par beaucoup d’acidité, il est très savoureux et les arômes suivent le nez.
Mon préféré : un vin grenat opaque au nez concentré et puissant de cuir, de fruits noirs et d’épices. La bouche est pleine, chaude et ample, mais appuyée par beaucoup de fraîcheur. Les tanins sont enveloppés. Les arômes sont expressifs et complexes avec des arômes de fruits noirs, d’olive noire, de café, de cuir, de chocolat, de réglisse et une longue finale légèrement poivrée. Bref, vous saisissez le portrait.
Comme on dit : les amis de mes amis sont mes amis. Surtout ce vin 100% Grenache qui offre un nez magnifique et complexe d’épices, de cerise, de cuir et d’herbes. La bouche est ample et chaude, mais soutenue par beaucoup de fraîcheur, avec des arômes fruités de framboise et de fraise cuite, de cuir et d’herbes. Un vin magnifique digne des plus grands vins.
Un vin 100% Mourvèdre, ça existe avec ce vin au nez magnifique, complexe et expressif de fruits, d’hydrocarbure et d’épices. La bouche est ample, principalement fruitée et offre une bonne longueur
Si j’étais Scott Gomez, je m’offrirais ce vin au nez dense et complexe de fruits noirs, de figue, de cuir et d’olive noire, à la bouche concentrée de fruits rouges et noirs, de confiture, de chocolat, de violette, aux tanins fins et d’une longueur interminable. Comme ça, je me dirais au moins que je ne suis pas venu à Montréal pour rien.