Champagne Pol Roger

Qu’on en commun la Maison Hugel, que nous avons récemment présentée sur Sommelier virtuel, et la Maison Pol Roger? Ces deux maisons appartiennent au club très sélect des Primium Familiae Vini. Il s’agit d’un regroupement d’une douzaine de maisons de vin, en activité et renommée depuis longtemps et qui appartiennent toujours aux descendants des fondateurs initiaux. Alors que de plus en plus de grands domaines se retrouvent entre les mains de grands groupes corporatif et de multinationales, certains domaines demeurent ainsi la propriété des familles d’origine. C’est entre autre le cas de la maison Pol Roger en Champagne.

 

Nous avons eu l’occasion de rencontrer Laurent D’Harcourt directeur export du Champagne Pol Roger lors d’une dégustation organisée au restaurant Brontë par l’agence Balthazard. M. D’Harcourt nous a entre autres expliqué longuement comment chez Pol Roger le remuage des bouteilles se fait toujours à la main. En une année, chaque remueur tourne entre 50 000 et 60 000 bouteilles!

L’histoire du Champagne dans la maison Pol Roger remonte à 1849. Pol Roger se lance dans la production et la vente de vin à l’âge de 18 ans lorsque son père, alors notaire, tombe malade et ne peut plus pratiquer. Le fait que son père soit notaire démontre qu’il s’agit néanmoins d’une famille ayant un certain statut économique, lequel est indentifiable par l’éducation du père pour pratiquer son métier. Dès 1851, la maison déménage à Épernay où l’activité commerciale se développe et où la maison est toujours aujourd’hui.

À la mort de Pol Roger en 1899, ses deux fils -Maurice et Georges- prennent sa succession. Dès 1900, ils font changer leur nom de famille de Roger à Pol-Roger en honneur de leur père. Les deux frères poursuivent l’activité commerciale de leur père. La famille conserve sont statut de notables, comme en témoigne la nomination de Maurice comme maire d’Épernay en 1912. On raconte qu’il se comporta de manière exemplaire lors de l’occupation de 1914.

Maurice est un homme public et s’occupe des « relations publiques » de la maison. Le champagne Pol Roger devient populaire auprès des grandes familles européennes ainsi que dans les grands restaurants des Champs-Élysées. Georges s’occupe de la gestion de la cave ainsi que des finances. Il est responsable également du caractère qualitatif de la production. En 1927, Jacques, le fils de Maurice, entre à son tour dans l’entreprise. Or, la femme de se dernier, Odette Pol-Roger, se lie d’amitié avec Winston Churchill. On peut penser que c’est à travers elle que ce dernier apprend à connaître et apprécier les vins de la maison.

La Révolution russe, la prohibition aux États-Unis, la crise économique de 1929 et l’occupation allemande durant de la Seconde Guerre mondiale nuisent considérablement aux activités de la maison Pol Roger. Après la Guerre, la renommée de Winston Churchill et son penchant pour le Champagne Pol Roger confèrent une grande visibilité à la maison sur les marchés internationaux, stimulent les vente et assurent la croissance de la maison. Afin de conserver le souvenir de ce lien privilégié entre eux et l’homme politique, la maison Pol Roger lance en 1975 la cuvée « Sir Winston Churchill ».

C’est dans les années 1950 que la troisième génération de Pol-Roger prend la relève de Georges et Maurice, suivit à partir de 1988 par la cinquième génération qui est aujourd’hui à la tête de l’exploitation. Le Champagne demeure populaire sur les marchés anglo-saxon : les États-Unis sont depuis 1999 le marché d’exportation le plus important.

Dans notre propre famille, le Champagne Pol Roger a toujours été présent. Entre autres, lors des  fêtes de Noël et du jour de l’an, notre oncle Jean-Paul en apportait souvent quelques bouteilles et prenait bien soin de parfaire notre éducation en vin en nous disant : « C’était le préféré de Winston Churchill ». Pour cette raison, notre participation à cette dégustation des vins de Champagne Pol Roger prenait pour nous un sens particulier.

Le Champagne Pol Roger Pure Brut est de couleur doré chatoyant clair avec des bulles fines. Le nez est discret et offre des parfums d’agrumes, d’aneth et de pain grillé. Sec et simple en bouche, il est plutôt minéral avec de légers arômes de pomme. La finale m’a parue un peu courte.

Le Champagne Pol Roger Cuvée de réserve a une robe jaune clair avec des reflets verts. Les bulles sont fines. Le nez est discret mais charmeur avec un fruité léger. Rond en bouche, il est agréable et long.

Le Champagne Pol Roger Blanc de Blancs 1999 est exclusivement issu de Chardonay. La robe est dorée avec des reflets verts. Les bulles sont moyennes. Le nez est ouvert, fruité et tertiaire. Ample et savoureux en bouche, il offre des arômes d’agrumes et de citron.

Le Champagne Pol Roger Brut vintage 1999 est composé à 60% de Pinot noir et 40% de Chardonay. La robe est jaune claire et les bulles sont fines. Le nez est ouvert et agréable et présente des parfums d’agrumes, de pain grillé et une belle minéralité. Fruité et savoureux en bouche, il offre un très bel équilibre et une finale persistante. Selon Laurent D’Harcourt, c’est le type de vin que Churchill aimait chez Pol Roger. Ce fut notre préféré de la dégustation. Comme quoi notre oncle avait bien parfait notre éducation selon les goûts du personnage historique.

Parlant du monsieur, la dégustation s’est terminée avec le Champagne Pol Roger Cuvée Sir Winston Churchill Brut millésimé 1998. La robe est dorée clair et les bulles sont fines. Le nez est complexe avec des parfums de fruits et d’amandes. La bouche est ample avec des arômes de citron et de pain grillé. La finale est longue.

Finalement, nous avons eu le plaisir de manger l’excellente cuisine du restaurant Brontë, tout en continuant à boire le Cuvée Sir Winston Churchill. Après cela, j’étais dans un parfait état d’esprit pour aller voir le dernier James Bond…

 

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